Le but de cette
communication est de rendre compte de ce qui distingue deux
formes de la quantification universelle en français, tout N et chaque
N. Partant
des travaux récents comme ceux de Jayez et Tovena (2003) et Mari
et Retoré (2016) qui mettent en relief des différences d'usage
remarquables, j'essaie de défendre une approche classique
(fondée sur les concepts primitifs qui décrivent les
quantificateurs) de la différence entre ces deux universels qui
permette de dériver les différences d'usage observées, et une
approche parcimonieuse, qui n'impose pas d'introduire des
concepts spécifiques comme la « non-individuation »,
ou un point de vue argumentatif comme Mari et Retoré.
L'hypothèse défendue est la suivante: tout N est un
quantificateur universel à domaine maximal. Il asserte
l'universalité pour tous les mondes possibles. La proposition
n'est ni originale (cf. Eisner sur any)
, ni ad
hoc (cf.
mon article sur quoi que ce soit, 2013) ni en contradiction
véritable avec JT et M.R. Elle est plutôt un essai pour dériver
les effets observés dans un cadre classique. Chaque N est un
quantificateur à domaine non contraint. Ce domaine peut, ou non
être restreint par des enrichissements explicites
(relativisations contextuelles), et s'étend naturellement aux
individus connus, puis aux individus existants, sans atteindre,
sauf mention explicite les individus du type dans tout monde
possible.
"Tout" est rare
hormis dans les textes mathématiques et juridiques. "Tout"
apparait dans des énoncés analytiques. Le domaine quantifié par
"tout" (aussi appelé "restriction") ne peut être contingent.
"Tout" tolère les exceptions (en dehors des mathématiques).
"Chaque" est un peu son opposé: il est assez fréquent, le
domaine quantifié est explicite et possiblement contingent.
"Chaque" supporte mal les exceptions. Nous chercherons à
distinguer les quantificateurs universels "tout" et "chaque" par
les justifications et réfutations possibles des énoncés où ils
apparaissent.